03/06/2013
L'événement de la journée : Sarkozy conférencier de Goldman-Sachs
http://www.rmc.fr/podcast/podcast.php?id=30#lien1
http://www.rmc.fr/editorial/385964/revivez-le-direct-de-bourdin-and-co-du-3-juin/
À RMC (chez Jean-Jacques Bourdin), à 8 h 15, j'expliquais en quoi la prestation londonienne de l'ex-président est encore un signe de la dégénérescence du politique :
Ce 3 juin, à Londres, Nicolas Sarkozy est la star d'un colloque organisé à l'Intercontinental par la mégabanque d'affaires Goldman-Sachs. La rémunération de l'ex-président est évaluée à 100 000 dollars, soit 76 587 euros minimum.
Cette prestation sarkozyenne est critiquable et bizarre.
Critiquable parce que Goldman-Sachs, géant de la spéculation globale, a l'image la plus sulfureuse qui soit. C'est cette banque qui a poussé la Grèce à décaler artificiellement de plusieurs années le paiement des intérêts de sa dette afin de lever en 2002 un milliard de dollars de financement hors bilan (avec les conséquences que l'on sait) ; pour cette activité de "conseil", la banque a gagné 300 millions de dollars. Après quoi elle a joué... contre la Grèce, en pariant sur sa faillite ! Goldman-Sachs est donc accusée d'avoir accru les ravages du casino mondial aux dépens des peuples. Mais son patron, Lloyd Blankfein, affiche une totale indifférence envers le bien commun. Il proclame que son seul mobile est de maximiser les profits de son groupe : "entre les reproches de l'opinion publique et mes salariés, je choisis mes salariés", dit-il ! Cynisme absolu des intérêts privés : c'est carrément le destroy, stade suprême du libéralisme. Pendant que ses dupes s'enfoncent, Goldman-Sachs annonce en 2013 un bénéfice doublé par rapport à 2012 : 7,3 milliards de dollars.
Mais la prestation de Sarkozy chez Lloyd Blankfein est également bizarre. Le sujet de sa conférence est l'Europe, alors que Blankfein dispose en Europe de quelqu'un de bien plus significatif que Sarkozy : Mario Draghi, patron de la BCE, est un "ancien" de Goldman-Sachs... Si la mégabanque a choisi Sarkozy, ça doit vouloir dire autre chose. A-t-elle voulu exhiber une fois de plus l'imbrication de la haute classe politique occidentale et du casino financier ?
Les relations entre la politique et l'argent ont toujours été toxiques ; ce qui est nouveau depuis la fin du XXe siècle, c'est que l'argent, devenu casino planétaire, a conquis l'hégémonie. Une carrière politique (fût-elle présidentielle) est désormais très au dessous d'une carrière financière. D'où la phrase de Sarkozy en 2008, rapportée par Le Point : "Je fais ça pendant cinq ans et ensuite je pars faire du fric comme Clinton, 150 000 euros la conférence."
A droite comme à gauche, ceux qui prétendent lutter contre la crise rêvent d'être appointés par les agents de la crise.
Comment veut-on que les peuples estiment ce qui nous tient lieu d'hommes d'Etat ?
10:41 Publié dans Europe, Idées, La crise, Social, Société | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : goldman-sachs, sarkozy, europe, libéralisme
Commentaires
OUVRIR LES YEUX
> Justement, la semaine dernière Antenne 2 diffusait un documentaire sur les ambitions comparées de NS et de FH, entremêlées de leurs soucis de coeur.
Etait-ce le montage? l'impression était que NS, son hochet élyséen obtenu ne tenait pas à sa réélection.
Côté positif de cette participation: cela ouvrira peut-être quelques yeux de plus sur la réalité de ce qu'est la construction européenne.
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Écrit par : Pierre Huet / | 03/06/2013
INCESTUEUX
> "relations incestueuses" : cette classe politique est le produit du système économique, de même que la classe médiatico-publicitaire et celle des opérateurs financiers. Donc il y a inceste.
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Écrit par : arzhur / | 04/06/2013
FACTURE
> si, si , ; il y a au moins un point poditif :
Il est facturé moins cher qu'il ne l'espérait, bcp moins même : 100.000 au lieu de 150.000 !
;-))
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Écrit par : franz / | 04/06/2013
BLANKFEIN
> Oui allo, monsieur lloyd blankfein, pdg de Goldman Sachs ?
Bonjour, comme vous le savez, nous à l'écologie humaine on est contre les restrictions des libertés en matière financière parce que ça serait le meilleur moyen de briser les conditions naturelles dont l'homme a besoin pour créer. Dieu nous a créés libres, hein?
Donc foin des règlementations étatistes pour encadrer vos activités criminelles, et promis plus de responsabilité individuelle? D'accord?
Alors, monsieur blankfein, auriez-vous s'il vous plaît la gentillesse d'introduire au sein de vos activités spéculatives une dimension éthique pour plus de bien commun durable et vert et tout?
Merci à vous, bonne fin de journée, au revoir...
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Écrit par : Serge Lellouche / | 04/06/2013
BIGRE
> 300 millions, 30% de l'opération, heureusement que tous les consultants ne sont pas aussi gourmand. Bigre!
En quelle langue a-t-il fait la conférence? en globish?
A propos, un délectable débat sur la loi Fioraso.
http://www.dailymotion.com/video/x10ix8c_replay-hondelatte-dimanche-apprendre-en-anglais-en-france_tv?start=1721#.Ua4YadhaZ3c
Où on voit que la parole est plus libre sur les chaînes commerciales que sur le sévice public idéologique.
PH
[PP à PH - Incapable de s'exprimer même en globish, Nicolas Sarkozy a fait sa conférence en français. Plus un homme politique français est pro-américain, moins il parle anglais. ]
réponse au commentaire
Écrit par : Pierre Huet / | 04/06/2013
BERNANKE
> Tant qu'à faire, je préfère lire Ben Bernanke:
http://www.firstthings.com/blogs/firstthoughts/2013/06/03/ben-bernanke-challenges-the-meritocracy
Assez étonnant que cela vienne de là, mais voilà enfin quelqu'un qui remet les pendules à l'heure sur une des hypocrisies fondamentales de notre société: la prétention à "récompenser le mérite".
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Écrit par : Luc2 / | 05/06/2013
@ PP
> Très drôle! Merci.
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Écrit par : Pierre Huet / | 05/06/2013
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